Pêche française en difficulté : thon tropical

Pêche française en difficulté : thon tropical

mai 26, 2024 0 Par BlanChapeau

L’industrie de la pêche au thon tropical est actuellement confrontée à des défis majeurs qui mettent à mal les armements français. En effet, la flambée du prix du gazole rend les opérations de pêche de plus en plus coûteuses, tandis que la ressource en thon tropical s’épuise à vue d’œil. Cette conjonction de facteurs négatifs plonge les armements français dans une période de crise difficile à surmonter. De plus, la légitimité de leur présence dans l’Océan indien est remise en question, ce qui ne fait qu’ajouter à leur malaise actuel.

Difficultés dans l’industrie de la pêche au thon en France

La compagnie maritime Sapmer, basée à la Réunion, a été la première à annoncer des nouvelles préoccupantes en novembre dernier. En effet, elle a déclaré la vente de trois thoniers senneurs, sous pavillon mauricien, en raison de la baisse de ses quotas de pêche.

Peu de temps après, l’armement Via Océan de Concarneau (Finistère), anciennement Saupiquet, a pris la décision de mettre fin de manière définitive à l’activité de ses thoniers senneurs dans l’Atlantique. Ces navires, qui sont actuellement à l’arrêt à Abidjan, sont en vente et 58 salariés vont malheureusement être licenciés. De son côté, la Compagnie Française du Thon Océanique (CFTO), également basée à Concarneau, a récemment annoncé la mise en place d’un plan d’économies en raison de difficultés historiques qui ont eu un impact significatif et durable sur l’entreprise.

En plus de la réduction des provisions à bord des navires et de l’arrêt des fournitures de tabac, la direction envisage une diminution de 30% des salaires des environ 260 marins, selon les informations de la CFDT.

Une situation préoccupante pour la pêche française

Les marins, conscients des difficultés actuelles, souhaitent conserver leur emploi. Cependant, la question se pose à quel prix, selon les dires de Sylvie Roux, déléguée Pêche CFDT. Avec une flotte de 15 thoniers, dont un sous pavillon italien, la CFTO a subi des pertes nettes avoisinant les 30 millions d’euros en 2020 et 2021, sans publication de résultats récents.

Cette compagnie est particulièrement surveillée car l’armateur breton, précurseur de la pêche au thon dans l’Océan indien, possède la plus grande flotte française du secteur. Selon Patrice Guillotreau, économiste des pêches à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), la pêche au thon était très rentable pendant longtemps, offrant des rémunérations attractives aux marins. Cependant, les conditions ont évolué avec des coûts plus élevés, des poissons de plus petite taille et une valorisation moindre par les conserveries.

Avec 100 000 tonnes de thons capturés annuellement, ce secteur reste un acteur majeur de la pêche française, représentant un quart des volumes débarqués sous pavillon français, selon Orthongel. Néanmoins, la crise sanitaire liée à la Covid-19 et le conflit en Ukraine ont perturbé les armements en créant des tensions dans la chaîne logistique et une augmentation significative du prix du carburant, qui représente 35% du chiffre d’affaires annuel d’un thonier senneur, selon Xavier Leduc, président d’Orthongel.

Problématiques liées à la pêche industrielle

Les navires français et espagnols sont critiqués par un groupe d’États côtiers de l’Océan indien pour leur méthode de pêche basée sur l’utilisation de milliers de dispositifs de concentration de poissons (DCP). Ces dispositifs, équipés de balises GPS et d’écho-sondeurs, attirent les thons en grande quantité pour faciliter les captures. Cependant, ils sont pointés du doigt pour leur impact sur l’environnement, les prises accessoires et la capture de juvéniles. Des ONG, telles que l’association Bloom, dénoncent cette pêche qualifiée de destructrice et industrielle pratiquée par les senneurs européens, alors que les stocks de thon albacore et patudo sont surexploités dans l’Océan indien.

La Commission thonière de l’Océan indien (CTOI), réunie à Bangkok, a récemment adopté une résolution visant à réduire progressivement le nombre de DCP autorisés par navire, passant de 300 à 225 d’ici 2028. Ces mesures supplémentaires risquent de compromettre sérieusement la durabilité des entreprises fortement impactées par les récentes crises, déplore Orthongel dans un communiqué.



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source informationnelle : clicanoo.re
rédaction : intelligence artificielle