Chasseurs-cueilleurs : ce qu’il faut savoir

mai 25, 2024 0 Par BlanChapeau

Les Mikea, les derniers chasseurs-cueilleurs de Madagascar

Les Mikea, peuple vivant dans le Sud-Ouest de l’île de Madagascar, sont considérés comme les derniers chasseurs-cueilleurs de cette région. Mais qu’est-ce que cela signifie réellement d’être chasseur-cueilleur ? Selon trois chercheurs américains cités par Sylvain Urfer dans son ouvrage « Madagascar, une société en mutation : pour quel développement ? » paru en 2011, l’histoire de l’humanité peut être divisée en trois ordres sociaux. Le premier de ces ordres est celui de la prédation, caractéristique des petits groupes de chasseurs-cueilleurs.

La prédation peut se manifester de différentes manières, comme le pillage des ornements métalliques des tombes du cimetière d’Ambohipo, le vol suivi de dépeçage des bacs à ordures de la Ville d’Antananarivo, ou encore la disparition régulière du garde-corps métallique du pont d’Ankadihevo sur le bypass. On observe également une logique de prédation dans l’assaut des vatolampy granitiques des collines autour d’Ambohimalaza, Imerinkasinina et Ambatomanoina, où une petite armée de petites gens s’adonne à cette activité. En outre, le prélèvement quotidien de bois de chauffe dans la forêt, même si elle est censée être une réserve naturelle protégée, témoigne également de cette pratique de prédation des chasseurs-cueilleurs.

Par ailleurs, des cas de trafic animal ont également été signalés, avec un millier de lémuriens de Madagascar et une cinquantaine de tortues endémiques arrivant clandestinement en Thaïlande. Des individus ont été arrêtés en possession de tortues radiata et d’autres du genre Pyxis arachnoides, laissant planer le doute entre un trafic à grande échelle et la simple survie d’un cueilleur-chasseur dans un pays en difficulté.

À Antananarivo, la capitale de Madagascar, aucun élément n’échappe à la prédation des cueilleurs-chasseurs, qu’il s’agisse des grillages de protection, des panneaux de signalisation, des lampadaires d’éclairage public, des gravillons des routes principales ou encore des fils électriques de la JIRAMA. Cette réalité contraste fortement avec le mode de vie des Mikea, éloignés de cette urbanisation et de cette pratique de prédation.

En évoquant les Zafimaniry, un groupe ethnique du Centre-Est de Madagascar, Daniel Coulaud les avait décrits comme un peuple « à la poursuite de la forêt » il y a cinquante ans. Depuis lors, de nombreux corridors forestiers, tels que celui de Ankeniheny-Zahamena, ont disparu sous nos yeux, mettant en péril la biodiversité de l’île.

Enfin, une réflexion sur la barbarie est soulevée, définie comme le fait de détruire la forêt pour en exploiter ses ressources sans penser aux générations futures. Cette vision laisse entrevoir un avenir sombre où les enfants seront privés des richesses naturelles léguées par leurs ancêtres.

Cette réalité complexe et alarmante soulève des questions essentielles sur la préservation de l’environnement et des modes de vie traditionnels face à l’évolution rapide et parfois destructrice de la société malgache.

Nasolo-Valiavo Andriamihaja